La Banque du Canada abaisse son taux directeur à 1,25%
Publié le 05/03/2020
En expliquant sa décision, mercredi, la banque centrale a souligné que le virus maintenant connu sous le nom de COVID-19 représentait un « choc négatif substantiel » pour des perspectives économiques qui étaient déjà fragiles au Canada.
Malgré des signes de stabilisation en janvier, le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, s’était montré disposé à procéder à un assouplissement monétaire si la faiblesse économique persistait.
Dans son communiqué, la banque centrale a souligné que les perspectives étaient désormais « nettement plus faibles qu’elles ne l’étaient » il y a quelques semaines. Le COVID-19 a perturbé les chaînes d’approvisionnement en plus d’ébranler la confiance des consommateurs.
De plus, les blocus ferroviaires, les grèves des enseignants en Ontario ainsi que les conditions météorologiques hivernales ont pesé sur l’activité économique au premier trimestre.
La Banque du Canada a par ailleurs ouvert la porte à d’autres baisses du taux directeur en indiquant clairement qu’elle pourrait l’ajuster si la situation l’exige afin de « soutenir la croissance économique et maintenir l’inflation à la cible ».
Cette baisse est la première depuis l’été 2015. Elle ramène également le taux directeur à un niveau qui n’avait pas été observé depuis le début de 2018. Il y a quelques semaines à peine, il était pourtant difficile d’imaginer une diminution d’un demi-point de pourcentage, a souligné l’économiste en chef de la Banque de Montréal, Douglas Porter.
Les attentes ont toutefois changé en raison de l’annonce surprise de la Réserve fédérale des États-Unis, qui, la veille, avait également annoncé une baisse d’un demi-point de pourcentage de son taux directeur dans le but d’amortir l’impact économique du COVID-19. La Banque du Canada finalise généralement sa décision sur les taux le mardi soir, ce qui signifie que l’institution a tranché après l’annonce de la Fed.
« Nous croyons qu’il est probable de voir la Fed et la Banque du Canada opter pour de nouvelles baisses, a souligné M. Porter au cours d’une entrevue. Rien n’est certain, mais (les deux institutions) semblent disposées à bouger de nouveau si l’économie nord-américaine s’affaiblit davantage. »
La décision de la Fed était intervenue à la suite d’une conférence téléphonique des banquiers centraux et ministres des Finances des pays du G7, dont le Canada, sur la façon de faire face aux répercussions découlant de la propagation du virus.
Dans une note, la Banque TD a souligné que l’assouplissement monétaire allait probablement donner un élan au marché immobilier en plus de faire grimper l’endettement des ménages étant donné que les coûts d’emprunt devraient être moins onéreux. Selon l’économiste en chef de l’institution, Brian DePratto, l’absence de commentaires de la banque centrale à l’égard du niveau d’endettement suggère qu’elle s’inquiète davantage des risques du coronavirus dans l’immédiat.
Pour sa part, l’économiste principal à la Banque Royale, Josh Nye, a écrit, dans un rapport, que des taux d’intérêt plus bas peuvent stimuler la croissance afin d’atténuer une partie des impacts du virus. Une partie de la solution repose également sur les autorités, qui peuvent par exemple légiférer en matière de fiscalité, a-t-il indiqué.
Les yeux sont maintenant tournés vers les libéraux fédéraux, qui doivent déposer le premier budget de leur mandat minoritaire au cours des prochaines semaines.
Alors qu’il était de passage à Saint-Jérôme, dans les Laurentides, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré, en point de presse, que son gouvernement analysait l’impact du COVID-19 sur l’économie canadienne.
« Il y aura un impact et nous sommes présents pour essayer de trouver des solutions avec les entreprises et les communautés », a-t-il déclaré.
Source: lapresse.ca